Retraite : Comptent les trimestres en arrêt maladie ?

Un rhume persistant, une grippe qui s’invite, et soudain, la question qui gratte l’esprit : ce congé maladie, si banal en apparence, va-t-il effacer des mois de labeur des radars de la retraite ? À chaque arrêt, l’angoisse sourde d’un compte à rebours invisible s’installe. Ces journées d’absence disparaissent-elles vraiment dans la paperasse ou laissent-elles une trace, infime mais décisive, sur le relevé de carrière ?

Pour beaucoup, faire le point sur ses trimestres ressemble à une chasse aux trésors où l’administration cache parfois bien ses indices. Le moindre incident de santé, si anodin soit-il, peut chambouler la trajectoire vers la retraite. La peur de voir son départ repoussé par quelques semaines de repos forcé n’a rien d’une vue de l’esprit.

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Comprendre le lien entre arrêt maladie et droits à la retraite

Parler d’arrêt maladie et de retraite, ce n’est jamais réduire la question à une simple absence au bureau. Dès qu’un salarié touche des indemnités journalières de la Sécurité sociale, ces périodes changent la donne pour la retraite. Mais attention : tout dépend du motif de l’arrêt. Un arrêt maladie ordinaire n’a pas le même poids qu’un accident du travail ou une maladie professionnelle.

Impossible d’ignorer les conséquences sur une carrière professionnelle. Si l’absence réduit les jours travaillés, la législation, elle, prévoit d’intégrer ces moments d’indemnisation dans le calcul des droits à pension. Mais ce n’est pas sans conditions.

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  • Un arrêt maladie donne droit à des indemnités journalières, reconnues par la CPAM ou la MSA.
  • Les arrêts pour maladie professionnelle ou accident du travail ouvrent droit à des indemnités souvent plus avantageuses.
  • Seules les périodes indemnisées comptent pour l’ouverture des droits à la retraite.

Le régime général et les régimes agricoles intègrent automatiquement ces arrêts dans le relevé de carrière. Ainsi, la maladie ou l’accident du travail ne rayent pas des trimestres d’un coup de gomme invisible. Mais attention : la nature de l’arrêt, son origine, le montant de l’indemnisation, tout compte. Un arrêt maladie n’a pas les mêmes effets qu’une maladie professionnelle, aussi bien sur la durée validée que sur le niveau de revenu retenu.

Arrêt maladie : les règles pour valider des trimestres

Le calcul des trimestres pendant un arrêt maladie ne laisse rien au hasard. Un salarié arrêté, qu’il s’agisse d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, valide un trimestre assimilé tous les 60 jours indemnisés, dans la limite de quatre par an. Ici, pas de salaire à l’origine des droits, mais bien la perception d’indemnités journalières de l’Assurance maladie.

  • Le trimestre assimilé se distingue du trimestre cotisé, qui dépend du salaire perçu (150 fois le SMIC horaire brut pour valider un trimestre cotisé).
  • Le mi-temps thérapeutique permet d’associer trimestres cotisés sur le salaire et, si besoin, trimestres assimilés via les indemnités journalières.

La prise en compte de ces trimestres se fait automatiquement, sans démarche de la part du salarié. L’Assurance retraite ou la MSA transmettent l’information. Si l’employeur maintient tout ou partie du salaire, ces sommes génèrent aussi des trimestres cotisés et optimisent ainsi la carrière.

Le régime général fixe une limite : l’arrêt maladie ne peut valider des trimestres que pendant trois ans d’affilée. Au-delà, seuls un passage en invalidité ou un changement de situation peuvent prolonger la prise en compte. Cette mécanique s’applique aussi bien au privé qu’à l’agricole, la gestion restant centralisée par les caisses de retraite.

Quels impacts sur le montant de la pension et la retraite complémentaire ?

Le montant de la pension s’appuie sur deux piliers : le nombre de trimestres validés et le salaire annuel moyen calculé sur les 25 meilleures années. Les indemnités journalières perçues durant un arrêt maladie, même prolongé, n’entrent jamais dans ce calcul. Conséquence directe : un arrêt maladie en fin de carrière, s’il réduit les salaires sur une ou plusieurs années de référence, peut faire baisser la moyenne, et donc la pension.

  • Le maintien de salaire par l’employeur est intégré dans le calcul du salaire annuel moyen.
  • Les indemnités de prévoyance ou celles versées par une assurance ne sont pas comptabilisées pour la retraite de base.

Pour la retraite complémentaire Agirc-Arrco, la mécanique change. Si l’arrêt dépasse 60 jours consécutifs, des points de retraite complémentaire sont crédités, sans cotisation, pour limiter la perte de droits. Mais le nombre de points ne pourra jamais dépasser celui acquis l’année précédente. Cette règle vaut pour la maladie, l’accident du travail, la maladie professionnelle ou la perception d’une pension d’invalidité.

Un départ anticipé avec des trimestres manquants entraîne une décote : 0,625 % par trimestre non validé, jusqu’à 20 trimestres maximum. Quant à la pension de réversion, elle prend en compte la situation de maintien de salaire, ce qui peut impacter le montant transmis au conjoint.

arrêt maladie

Cas particuliers et évolutions récentes à connaître

Le poids de l’arrêt maladie sur la retraite dépend aussi du parcours. Pour la retraite anticipée carrière longue, seuls quatre trimestres d’arrêt maladie sont retenus dans toute la carrière. Impossible de dépasser ce plafond : au-delà, ces périodes n’ouvrent plus droit au dispositif, ce qui peut retarder le départ, même pour ceux qui ont commencé tôt.

Autre cas de figure : l’incapacité permanente après un accident du travail ou une maladie professionnelle. Un taux d’incapacité de 20 % ou plus donne accès à la retraite à taux plein dès 60 ans. Entre 10 % et 19 %, un départ est envisageable deux ans avant l’âge légal, sous conditions. Les travailleurs handicapés conservent la possibilité de partir dès 55 ans, s’ils justifient de la durée d’assurance requise en situation de handicap.

La réforme des retraites de 2023 a changé bien des paramètres, mais pas la règle pour les arrêts maladie. Les modalités de validation des trimestres restent identiques. Les dispositifs de maintien de salaire ou d’acquisition de droits complémentaires continuent de s’appliquer sans modification.

  • Le plafond de quatre trimestres d’arrêt maladie pour la carrière longue reste inchangé.
  • Les périodes d’incapacité permanente ou de handicap ouvrent toujours des droits spécifiques au départ anticipé.

En définitive, chaque arrêt maladie laisse une empreinte, discrète parfois, mais bien réelle, sur la trajectoire vers la retraite. Entre subtilités règlementaires et effets concrets sur la pension, le moindre épisode d’absence peut devenir un tournant silencieux. Reste à chaque actif d’en décoder les règles, pour ne pas voir son horizon s’éloigner dans un brouillard administratif.